Comment repérer et remplacer les répétitions et de quelle façon choisir les bons mots dans son récit ? Cachou vous donne quelques réponses qui vous seront peut-être utiles.
- Partie I : utilisez les outils à votre disposition
- a) Le dictionnaire des synonymes
- b) Le champ lexical
- c) Le dictionnaire des antonymes
- d) Chercher le bon mot
- Partie II : aidez-vous de votre propre récit
- a) Le contexte
- b) Le point de vue interne
- Partie III : utilisez le style à votre avantage
- a) Les périphrases
- b) Les figures de style
- Partie IV : triez les informations
Quelles sont les erreurs à éviter quand on veut remplacer les répétitions ? La suite de l’article vous informe dans Remplacer les répétitions (partie II) : les pièges
Partie I : utilisez les outils à votre disposition
a) Le dictionnaire de synonymes
Un dictionnaire de synonymes, c’est un grand classique. Crisco, Synonymo ou même un bon vieux Robert feront l’affaire. C’est la méthode la plus simple et la plus efficace quand on bloque un peu. Remplacez le mot, vérifiez la phrase, et assurez-vous que vous n’avez pas créé une nouvelle répétition : avec l’outil “rechercher”, tapez les premières lettres du mot pour inclure ses différentes formes. Ça marchera jusqu’à un certain point, mais ça pourrait parfois manquer de raffinement. Maniez votre dictionnaire avec précaution et substituez avec modération.
b) Le champ lexical
Pour aller plus loin je vous suggère d’investir une petite dizaine d’euros dans un dictionnaire des idées suggérées par les mots. C’est un dictionnaire qui liste des mots qui n’ont pas le même sens mais qui appartiennent à un même champ lexical. Ça ouvre un nouveau champ des possibles ! Vous pourrez sûrement trouver des équivalents gratuits sur le net. Ce dictionnaire ne vous aidera pas à remplacer votre mot par un autre, il vous demandera sûrement de changer la syntaxe, mais vous pourrez faire passer la même information d’une manière différente.
c) Le dictionnaire des antonymes
La méthode à laquelle on ne pense pas toujours, c’est aussi le dictionnaire des antonymes. Aussi, si votre personnage ignore quelque chose, dites-vous bien aussi qu’il ne sait pas quelque chose. Ça paraît très basique, pourtant ça peut parfois vous filer un petit coup de pouce. Le ton de votre personnage ne sera pas “amer” si vous avez déjà utilisé ce mot, mais il pourrait être “dénué de gentillesse”, par exemple. Les nuances se comblent si besoin, alors utilisez bien tous les outils à votre disposition, même quand ça paraît contradictoire.
d) Chercher le bon mot
Pour utiliser des dictionnaires au mieux, vous ne devez pas rester focalisé·e sur le mot que vous souhaitez remplacer. Si on reprend l’exemple du ton “amer”, vous pourriez vous dire que c’est aussi un ton “rempli d’amertume” et chercher des synonymes du mot “amertume” voire des synonymes et antonymes de “rempli” et “amertume”. Il peut parfois y avoir davantage de synonymes pour un nom commun que pour un adjectif et vice versa, et vous pouvez ajouter ou retirer un adverbe selon le verbe utilisé dans la phrase. Listez les quelques manières dont vous pouvez qualifier ou nommer, puis pour chacune notez les différentes possibilités pour remplacer le mot problématique. Ne restez pas fixé·e sur la nature de votre mot, remplacez un adverbe par un nom commun et modifiez la syntaxe.
Pour résumer : cherchez les synonymes d’une idée plutôt que d’un terme, englobez votre terme de tout ce qui vous passe par la tête, tout ce qui s’en approche. Vous ne serez jamais à court, je peux vous l’assurez. Ensuite, vous n’avez plus qu’à faire votre choix. Cependant, le dictionnaire est peut-être une aide qui a fait ses preuves, mais cette méthode contient de nombreux pièges. Pour les éviter, je vous invite à lire le second article sur le sujet.
Partie II: aidez-vous de votre propre récit
a) Le contexte
Avez-vous tendance à qualifier votre personnage par son métier, la couleur de ses cheveux ou même son âge ? “Marie” devient “la brune” et Jean devient “le plus âgé” voire “le maçon” ? C’est une manière de faire classique et on s’y est habitués, mais ça manque souvent de pertinence. Est-ce pertinent de dire que “le ravisseur a pris le maçon en otage” ? Peut-être dans certains cas, mais il convient de se poser la question en écrivant la scène.
Quand le dictionnaire ne peut plus rien pour vous, le contexte sera votre allié. Pensez à votre scène, à sa place dans le récit, à ce qu’est chaque personnage et chaque objet à ce moment précis de l’histoire. Est-ce que les personnages sont des ennemis, des camarades, des antagonistes, est-ce que les objets sont des envies, des objets de convoitise, un but à atteindre, à posséder ? Y a-t-il un blessé, une victime, un bourreau, un solitaire, dans cette scène ? Une table peut devenir un obstacle dans une scène de bagarre, une fourchette peut même devenir une arme potentielle : pourvu que ce soit au bon moment et dit de la bonne manière. Est-ce que votre personnage s’apprête à lancer un caillou ? Tout à coup, ce n’est plus un simple caillou : c’est devenu un projectile.
Si vous avez trois gardes, vous serez tentés soit de dire “le premier garde”, “le second” et “le troisième”, soit de leur donner des caractéristiques comme “le barbu” et “le brun”. Dans le contexte, cependant, quelles sont leurs actions, leurs expressions, leur pensées ? Et si le troisième se tenait juste là depuis le début de la scène, silencieux ? Tout à coup, “le troisième garde” deviendrait “celui qui jusque-là n’a pas prononcé un mot”. Vous vous aidez du contexte, de la situation, de votre propre récit : vous poussez la réflexion plus loin et évitez de qualifier les gardes de fantassins, soldats, guerriers et tout à la fois.
Bien évidemment, c’est une méthode à utiliser avec modération, comme pour tout.
b) Le point de vue interne
Pour vous aider davantage, vous pouvez également utiliser le point de vue interne si vous en avez un. Votre protagoniste a des émotions, et la narration les retranscrit. Aussi, le garde pourrait être à ses yeux un idiot ou même un fumier, voire un héros ; de façon plus simple, il peut être un invité ou un intrus. Rien ne vous empêche de qualifier ainsi le personnage, qu’il le soit réellement ou non puisque c’est une question de point de vue, et ça donnera aussi quelques informations sur votre protagoniste et sur ses sentiments. Est-ce que votre protagoniste est sceptique ? Tout à coup, son interlocuteur pourrait bien devenir “le menteur” : ainsi, vous n’avez pas besoin de communiquer le scepticisme du personnage. On évitera aussi les méthodes éculées des caractéristiques physiques ou des synonymes à foison qui n’ont pas tous totalement la même définition. Gagnant-gagnant.
Partie III : utilisez le style à votre avantage
a) Périphrases
Vous n’êtes pas obligé·e de remplacer un mot par un mot, évidemment.
Vous pouvez penser plus long, plus détaillé. Faire plus long ne signifie pas obligatoirement que votre phrase sera terriblement alourdie si vous êtes prudent·e. Des informations peuvent être glissées plus subtilement, des rappels peuvent être donnés si on a un peu digressé. En gros, c’est une bonne occasion, pendant que vous remplacez ces répétitions, de vous entraîner à d’autres prouesses et à changer un peu les syntaxes. Comme vu plus haut, un personnage peut devenir “celui qui a fait ceci” ; un champ peut devenir “le lieu où tout se joue”. C’est une méthode qui aime beaucoup s’unir à celle du contexte, et tout à coup on se libère de ces restrictions de synonymes, et écrire sans répéter devient un peu plus facile.
b) Figures de style
À l’inverse, vous pouvez aussi restreindre votre vision : au lieu de rallonger, concentrez-vous sur un détail et utilisez la métonymie. Aussi, votre personnage ne voit pas l’église mais le clocher, il n’est pas menacé par une arme mais par le canon, il ne marche pas dans le champ mais parmi les choux. Prenez une idée associée et trouvez un moyen de l’intégrer à votre récit, c’est parfois plus utile et plus joli que de remplacer “champ” par “plantation”. C’est là qu’un dictionnaire qui fonctionne par champ lexical vous sera utile. Avec les métaphores, les images, les comparaisons et les périphrases, vous pourrez peut-être vous découvrir une âme de poète et vous perdre dans des envolées exagérées où une chaise devient un instrument de mort et une couette demeure le royaume de Morphée.
Partie IV : triez les informations
Au lieu de vous casser la tête à vouloir remplacer un mot par un autre parce que c’est généralement comme ça qu’on remplace une répétition, vous pourriez tenter de remanier le passage qui vous pose problème. Comme on l’a vu avec caillou et projectile, ce n’est pas toujours une question de définition et de synonyme. Votre paragraphe transmet des informations. Toutes les informations sont-elles utiles et, surtout, sont-elles à la bonne place ? Pouvez-vous déplacer des morceaux pour fusionner les deux mots que vous considérez comme une répétition ? Pouvez-vous garder un détail pour plus tard ? Pouvez-vous faire passer votre répétition pour volontaire en ajoutant “ladite porte s’ouvrit en grand” ou en transformant ça en anaphore ? N’hésitez pas à tenter de réécrire votre passage d’une autre manière (sans pour autant effacer l’ancien) afin de comparer : qu’avez-vous dit différemment, quelles sont les informations que vous avez conservées, quelles sont celles que vous avez inconsciemment ajoutées et qui pourraient vous être utiles ? Souvent, quand on bloque, il faut cesser de s’acharner et simplement décortiquer avant de reprendre sur une nouvelle base. Abandonnez l’idée des synonymes et des répétitions, et pensez plutôt à l’idée, l’information ou l’image que vous voulez transmettre et dépeindre.
J’espère que cet article vous aura été utile. Toutes ces méthodes sont à utiliser avec modération. Je ne pense pas que toutes les répétitions méritent d’être supprimées ou remplacées, aussi je vous invite à lire la partie II, qui énumère les quelques erreurs à éviter lorsqu’on remplace les répétitions.
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